Chaque jour, on a l'impression qu'une nouvelle tendance fait la une - comme celle de la démission silencieuse ou du retour au bureau. De grandes entreprises ont essayé d’imposer cette dernière, puis ont changé d'avis à la suite de la réticence des employés. D'autres ont mis en œuvre des politiques de télétravail sans restriction de lieu et ont constaté une réduction du taux de rotation des collaborateurs. Il est parfois impossible de se tenir à jour des dernières tendances.

Cette année, l'étude met en exergue quelques tendances intéressantes. L'une d'entre elles est le concept de “polyworking” (polytravail). Notre rapport a montré que 16 % des salariés ont au moins un emploi supplémentaire ou une activité secondaire en dehors de leur emploi principal à temps plein, et 35 % d'entre eux déclarent qu'ils n'en ont pas actuellement mais qu'ils souhaiteraient en avoir un.

Une autre nouvelle tendance est le "coffee badging" - le fait d'aller au bureau pour faire acte de présence pendant quelques heures et de partir ensuite. Une tendance qui est plus populaire qu'on ne pourrait le penser. Un employé hybride sur trois (30 %) a déjà fait du "coffee badging", et 7 % supplémentaires ont déclaré qu'ils ne l'avaient jamais fait, mais qu'ils aimeraient essayer.

Les données montrent également que 2023 est l'année du retour au bureau. De manière surprenante - ou peut-être pas - 52 % des personnes interrogées déclarent être au bureau à temps plein, alors que seulement 21 % préfèrent l'être. Nous avons également appris que 72 % des salariés pensent que le travail à domicile devrait être un droit garanti par la loi.

Même si de nombreux employés sont retournés au bureau, leur engagement en faveur de la flexibilité s'est une fois de plus manifesté. Si la rémunération reste un facteur déterminant pour les fidéliser et attirer des talents, de nombreux collaborateurs sont prêts à accepter des réductions de salaire pour bénéficier d'une certaine flexibilité. En effet, 1 personne sur 5 (20 %) accepterait une réduction de salaire de 15 % ou plus pour travailler 4 jours par semaine, et 20 % approuveraient la même réduction de salaire pour travailler à distance à temps plein. Enfin, 9 % d’entre eux ont déclaré qu'ils diraient oui à une réduction de salaire de 20 % ou plus pour avoir des horaires de travail flexibles, et 7 % pour avoir un lieu de travail flexible.

Voici l'état actuel de la situation (du travail) et les tendances à connaître :

Nous savons que ce que les employeurs imposent ne correspond pas exactement à ce que les employés souhaitent en matière d'organisation de l'espace de travail. Que se passe-t-il lorsque ces chiffres ne concordent pas ? Plus d'une personne sur quatre (26 %) a déclaré qu'elle commencerait à chercher un nouvel emploi, et 4 % qu'elle démissionnerait. De plus, 16 % des travailleurs hybrides et à distance interrogés s'attendraient à une augmentation de salaire pour compenser les coûts supplémentaires s'ils n'étaient plus en mesure de travailler de leur domicile.

L’étude révèle également un léger changement dans les principaux facteurs qui comptent le plus pour les employés - la flexibilité du travail a bondi, de même que l'accès à une bonne technologie. On note également que 85 % des répondants ont déclaré qu'un manager compréhensif était un élément clé dans la vie professionnelle d'un salarié. Ce point arrive juste après celui de la rémunération (87 %), et si cette tendance a émergé en 2023, elle ne semble pas près de faiblir.

Quelles raisons poussent les salariés à rester ou à chercher un nouvel emploi? Seuls 10 % des travailleurs ont changé d'entreprise en 2023, contre 22 % en 2021-2022. Cela dit, 23 % des personnes interrogées n'ont pas changé d'entreprise mais cherchent activement à le faire.

Les causes d’un changement d'emploi ou d’une recherche active sont restées assez constantes d'une année sur l'autre. Cette année, les principales raisons sont la rémunération (43 %), une opportunité de carrière (32 %) et un meilleur équilibre entre vie professionnelle/ vie privée (31 %). On apprend également ce qui pourrait inciter les salariés à ne pas accepter une nouvelle offre d'emploi, à savoir : ne pas autoriser d'horaires de travail flexibles (41 %) ou de lieu de travail flexible (30 %) et exiger une présence au bureau à plein temps. Les employés souhaitent que les entreprises assouplissent les horaires de travail pour leur offrir une certaine flexibilité. En effet, les demandeurs d'emploi accordent une grande importance à l'autonomie concernant le lieu et leurs horaires ; les entreprises qui proposent des heures plus flexibles (entre autres) seront donc les plus prisées.

Aujourd'hui, être un responsable RH demande probablement plus d'efforts qu'auparavant. Les collaborateurs étant souvent éparpillés à travers le pays, ou même le monde, ils doivent gérer l'épuisement des collaborateurs (et le leur) tout en maintenant une communication ouverte tant pour eux, que pour leurs équipes.

Désormais, gérer des équipes - en particulier celles qui viennent d'arriver sur le marché du travail et qui travaillent dans un mode hybride - pose des défis particuliers. Près d'un manager sur deux (49 %) a déclaré avoir l'impression que ses équipes ne bénéficient pas de retours directs sur leur travail, qu'ils soient spontanés ou informels. Lorsque l’on demande aux salariés à distance ou hybrides s'ils ont l'impression de manquer de retours, seuls 40 % d'entre eux reconnaissent qu'ils en sont privés.

Le travail hybride comporte de nombreuses facettes et, s'il n'est pas exécuté de manière intentionnelle, il peut être source de difficultés. Lorsqu'on a demandé aux employés hybrides pourquoi ils pensaient que leur entreprise exigeait qu'ils soient au bureau, 61 % ont répondu que c'était à cause d’une vision traditionnelle en matière de travail. Il est clair que de nombreux employés ne sont pas convaincus de la pertinence des exigences de leur entreprise concernant le mode de travail.

On apprend également que les salariés ne font pas facilement confiance aux pratiques de leur entreprise. Ainsi, près d'un sur trois (31 %) déclare qu'il est probable que son employeur modifie sa politique en matière de travail à distance ou hybride au cours de l'année à venir, et 16 % supplémentaires déclarent ne pas en être sûrs. La communication et la transparence sont donc essentielles lorsqu'il s'agit de créer des environnements de travail efficaces et confortables.

Bien que les employés hybrides soient sceptiques quant à la raison pour laquelle ils doivent être au bureau, il est important de noter que tous ne sont pas réticents à y aller, ils pensent simplement qu’il est plus adapté à certaines tâches qu'à d'autres. 53 % d'entre eux estiment que le bureau convient mieux aux réunions d'équipe, 51 % à la collaboration et 42 % à l'apprentissage formel ou informel. Si la productivité reste la même ou augmente, les salariés doivent pouvoir décider librement de l'endroit où ils passent leur temps de travail.

Un autre sujet d'actualité concernant le travail hybride est le biais de proximité - tendance des dirigeants à faire preuve de favoritisme ou de traitement préférentiel à l'égard des employés qui sont physiquement proches d'eux - qui est encore très répandu aujourd'hui. Près d'un travailleur sur deux (47 %) a déclaré être plus enclin à demander l'avis des personnes avec lesquelles il travaille physiquement plutôt que celui de ses collègues à distance ; 41 % des travailleurs craignent que les managers considèrent les employés du bureau comme plus productifs et plus dignes de confiance que leurs homologues à distance ; et 37 % craignent que le fait de travailler à distance signifie qu'ils auront moins leur mot à dire au travail et qu'ils rateront des opportunités, etc. Il est clair qu'il y a encore du travail à faire dans ce domaine.

En 2023, certaines entreprises ont innové pour inviter ou attirer les employés au bureau plutôt que de proposer un format hybride basé sur le choix de l'employé. Qu'est-ce qui importe le plus aux employés hybrides lorsqu'il s'agit de retourner au bureau ? Indice : ce sont peut-être les friandises. En tête de liste, les entreprises qui prennent en charge les frais de transport des salariés (31 %), suivies par la nourriture et les boissons gratuites ou subventionnées (30 %) et un trajet plus court (30 %). De manière surprenante - ou non - 13 % ont déclaré qu'ils seraient incités à se rendre au bureau s'ils pouvaient être vêtus de la manière qu'ils souhaitaient.

Le bureau joue un rôle important, car certains sont plus efficaces quand ils collaborent en face à face. Néanmoins, travailler en présentiel ne devrait pas être une obligation, au contraire. Les collaborateurs doivent pouvoir décider de l’endroit où ils travaillent le mieux : dites bonjour (à nouveau) au travail hybride en fonction des missions.

Il semble que le bureau traditionnel et sa technologie ne répondent plus aux besoins des salariés d'aujourd'hui. Ainsi, 38 % des collaborateurs déclarent que leur employeur utilise trop de plateformes de communication, au point d'en être submergé. Le choix de l’outil technologique constitue donc un facteur crucial pour rendre le travail hybride efficace.

Près de 8 travailleurs sur 10 (76 %) déclarent que leurs réunions comptent au moins un participant à distance. Néanmoins, 80 % des employés ont déclaré avoir perdu du temps lors de réunions en raison de problèmes techniques. Le rapport souligne également que 3 employés sur 4 (75 %) ont des difficultés à voir les visages des gens et manquent donc des repères visuels (38 % disent toujours ou souvent), 78 % signalent des problèmes audio et 73 % ont l'impression de ne pas pouvoir contribuer efficacement à cause d'une technologie statique et inefficace.

De plus, si l’étude révèle que 25 % des entreprises ont mis à jour leur technologie de visioconférence au cours de l'année écoulée, on note un décalage évident entre les besoins des employés et ce que les entreprises offrent en matière de communication et de collaboration.

Il est temps de regarder dans notre boule de cristal et de partager les prédictions de cette année et celles à venir. De l'IA générative aux lunettes d'Apple, de nombreuses innovations émergent ou évoluent rapidement. Qu'est-ce qui pourrait être mis en œuvre aujourd'hui et qu'est-ce qui sera adopté dans un avenir (proche) ?

Près d'une personne sur quatre (25 %) a déclaré qu'en 2023, son employeur a adopté l'IA pour remplacer ou renforcer les rôles des salariés. Cependant, ces derniers ne semblent pas trop préoccupés par l'utilisation de l'IA générative (comme ChatGPT), puisque 28 % d'entre eux pensent qu'elle les aidera à faire leur travail plus efficacement et rapidement. En revanche, 1 employé sur 5 (21 %) pense qu'elle concurrencera son travail et 13 % craignent qu'elle les remplace.

En ce qui concerne les technologies futures que les salariés souhaitent que leur employeur adopte au cours des deux prochaines années, les technologies de vidéoconférence (29 %) arrivent en tête de liste, suivie de l'IA ou d'un assistant d'IA (25 %). Seuls 15 % sont intéressés par un casque de réalité virtuelle.

Owl Labs a interrogé 2 000 collaborateurs à temps plein en France, âgés de 18 ans et plus, dans des entreprises de plus de 2 salariés. Les données de cette enquête ont été collectées en juin 2023 en partenariat avec le cabinet d'études Vitreous World.

À propos Owl Labs